❝ Sapiens de Monlufargue ❞
L'un quittait la ville quand l'autre y arrivait. Voilà comment ils se sont rencontrés. Sapiens arrivait à peine à Yellowknife, il était en chemin d'ailleurs ... Un sac à dos empli à ras-bord de livres et de parchemins bien empactés, allant à pied sur le bas côté de l'autoroute. Alburaauch quittait ce lieu d'incultes et d'ignares comme il disait, car, que ça soit les humains ou les dragons, aucun d'eux ne savait apprécier les conversations qu'il tenait à leur juste valeur, exceptionnelle cette valeur, cela va de soit. Il survola l'humain lorsque celui-ci pestait en latin contre une voiture qui venait de lui klaxonner dessus et dont le conducteur l'avait traité de malade. « Un humain qui peste en latin ? » La surprise du dragon rubis était telle qu'il ne put s'empêcher de piquer en direction de ce petit être. Leur bonne entente fut quasi immédiate ... En effet, Alburaauch s'exprima sans hésiter en latin et, comme un défi, Sapiens lui répondit en grec archaïque, ce à quoi Alburaauch répondit en Grec classique. De fil en aiguille, le dragon estima qu'il était tombé sur une perle qu'il ne pouvait laisser partir sans rien dire ... Les humains n'étaient peut-être pas si inintéressants que ça ? Il ne fallut pas bien longtemps à Sapiens pour faire la relation entre leur lien nouveau et la loi Ava'Yorn et il n'en fallut pas plus à Alburaauch pour accepter son parrainage, sans compter que le Monlufargue savait bien flatter l'égo de son nouveau camarade.

Aujourd'hui, les deux êtres qui étaient pourtant jusque là parfaitement solitaires et indépendants ne se quittent plus que rarement. Bien entendu, ils démentissent tout attachement définitif, louant leur grande indépendance, mais en réalité, ils passent beaucoup de temps ensemble. Vous ne les entendrez jamais converser dans une langue moderne, ils utilisent principalement le latin, mais s'amusent parfois à parler en vieux français (les langues d'oc sont préférées aux langues d'oil qui sont déjà plus éloignées du latin), en grec (qu'il soit archaïque, classique ou antique), en celte (de préférence le cambrien), quelques dialectes germaniques anciens tels que le burgonde ou vandale. Alburaauch essaye d'apprendre l'hébreu biblique, le sanskrit, l'akkadien et le vieux norrois. Leur relation est avant tout basée sur la culture, la curiosité et la gourmandise, bien qu'ils passent ce dernier point au silence lorsqu'on leur demande de parler d'eux. Autant le dragon ne parle presque à personne d'autres que son ami humanoïde, autant ce dernier passe son temps à parler à ses compères, ce qui a tendance à agacer le dragon.